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    Je rentre un court week-end (et un lundi négocié haut la main) en France. Cela fait quatre semaines que je suis partie, c’est le moment idéal pour faire un petit… point Teutonie.

     

    D’abord, il faut dire que je ne suis même pas outre-Rhin. je suis pile sur la rive Ouest du Rhin ; si je le traverse, je passe dans un autre Land, le Baden-Württemberg. Mais le Rheinland-Pfalz, c’est plus joli. Vous n’arrivrez pas à prononcer cet épouvantable nom ? Vous avez de la chance : nous, les Français, on a traduit, et ça donne : Rhénanie-Palatinat.

     

     

     

    Puisque je suis actuellement dans un train tout ce qu’il y a de plus allemand, à savoir un ICE, version allemande (mais moins bien) de notre TGV préféré, je vais vous parler d’abord un peu des transports.

     

     

     

    En fait, je n’ai pas d’abonnement aux transports en commun. Parce que –et là, je vais faire mal à tous les banlieusards qui bossent sur Paris- j’habite à 15 minutes à pied de mon lycée. Je sais, au début on m’avait dit 5 minutes, mais je crois qu’ils ont confondu avec la durée qu’on met quand on y va à vélo. Parce qu’ici, finalement, on pense plus souvent au vélo qu’à ses pieds. Les premiers jours, j’étais émerveillée par la confiance qu’avaient les Allemands en la sécurité du pays, parce qu’ils laissaient presque tous leur vélo dehors, attachés à rien du tout. Et puis j’ai fini par me rendre compte que, non, tous les vélos sont attachés, souvent juste de façon à bloquer une des roues. Certes, en France, on se ferait voler le vélo quand même, mais ici, ça a l’air d’arrêter les voleurs. Je me suis donc procurée un antivol pour mon magnifique vélo (dont j’ai quand même dû changer la selle qui était un instrument de torture, et sur lequel j’ai dû rajouter des lumières sous peine de me faire arrêter par la police ou écraser par un camion), mais cet antivol a un système tout particulier pour repousser les voleurs : il fonctionne grâce à un code à trois chiffres, code qui est marqué… ben sur l’antivol. Bon, je suis radine aussi, si j’avais mis plus cher, je n’aurais sans doute pas récupéré un truc aussi absurde.

     

    Par la suite, j’ai demandé à une autochtone, qui m’a dit que, si, les vélos se faisaient facilement voler ici, si on ne les attachait pas. Hm, l’Allemagne ne serait donc pas ce paradis de la sécurité dont on parle tant…

     

     

     

    Bon, ceci dit, je n’ai pas été tout à fait exacte quand j’ai dit que je n’avais pas d’abonnement. J’ai en fait acheté une « Bahncard 25 » pour le train, ce qui se prétend l’équivalent de notre adorée carte 12-25. En fait, la Bahncard 25 peut être prise à n’importe quel âge, mais ne donne que 25% de récution (comme son nom l’indique). Et son prix est de… 57 euros. Ca fait un peu mal, je dois dire. Mais j’ai profité de ce que j’étais étudiante pour l’avoir à 37 euros. Après, il existe aussi la Bahncard 50, qui est sûrement le Saint Graal de la Deutsche Bahn, sauf que c’est une carte à… 200 euros. Il ne vous reste plus qu’à ne pas manger pendant deux mois, et vous pourrez avoir vos trajets à -50%.

     

    Mais je dois dire qu’une carte de la DB, si chère qu’elle soit, se rentabilise forcément parce que le train coûte vraiment les yeux de la tête. Avec toutefois le paradoxe suivant : très souvent, sur les trajets de Mannheim à Paris, sur le même train, la Deutsche Bahn pratique des prix plus intéressants. Mais sur le reste de l’Allemagne, c’est quasiment du rackett.

     

     

     

    J’aimerais maintenant faire un point sur ce fameux ordre allemand dont on vante tant les mérites. Et je n’ai pas été la dernière à tomber dans le cliché, en chantant à tu-tête que « la Deutsche Bahn, c’est génial, les trains sont toujours à l’heure, tout est clairement indiqué dans les gares, tout est pratique et bien pensé… ».

     

    Au bout de 4 semaines, et en tout cas pour ces 4 semaines passées ici, je peux vous dire ceci : c’est totalement faux.

     

    J’ai été émerveillée au début par cette illusion que fournit le billet de train imprimé de l’ordi de la DB : ils indiquaient en effet même les quais sur lesquels arrivaient et repartaient les trains. Incroyable, non ? Non, en fait si on n’a pas cette indication, on est tout simplement foutu. Pour deux raisons :

     

    -         Sur les quais des gares, ne sont annoncés que les prochains trains qui arrivent sur ce quai-là. Donc si vous voulez voir d’où part votre train, soit vous retourner dans le hall de gare (pratique quand on est au quai 9), soit vous essayez de trouver cette fameuse feuille sur laquelle figurent tous les trains de la journée avec les quais, en espérant bien sûr qu’il n’y ait pas eu de changement.

     

    -         La Deutsche Bahn, sûre de sa réputation de poncualité, vous refile toujours des changements conçus pour superman. Un des plus longs que j’ai eu durait 8 minutes. Parfois, on n’a que 4 minutes pour changer de train. 30 secondes, quand votre train est à la bourre.

     

    Car, oui, les trains allemands sont à la bourre. Pas tous, hein. Mais j’en ai déjà pris, et c’était bien pénible. La seule différence, en fait, c’est que les Allemands, ça les fait plus rire que hurler de rage comme ça arrive souvent en France.

     

    Autrement, si vous voulez prendre à l’avance un billet de train régional (enfin, un genre de TER quoi), vous ne pouvez le faire que trois heures à l’avance. Dans le guichet, y’a des chances que vous ayez ces fameux 2 euros supplémentaires parce que vous vous êtes adressé à une personne qui vous a donné des conseils fabuleux (je ne vous raconte pas la madame qui m’a demandé d’un air très surpris si c’était vrai que j’avais 21 ans, j’ai même dû lui montrer ma carte d’identité), et sinon, si vous voulez prendre votre billet sur l’automate, en tout cas dans ma ville, il y en a 1 par quai. Vous n’avez plus qu’à espérer que tous les Allemands aient un abonnement.

     

    Enfin, lorsque vous prenez un ticket directement en gare, et non sur internet, ils ne vous indiquent PAS les correspondances. J’ai par exemple pris innocemment un ticket de Speyer à Neustadt, ville qui se situe relativement près. Je vais au quai qui me semble être le bon, et là je vois que le train ne va PAS à Neustadt. D’ailleurs, aucun train de Speyer ne va à Neustadt. J’ai dû demander à une voyageuse, qui ne savait pas et qui a demandé à une autre voyageuse qui m’a dit qu’il fallait sans doute descendre à Schifferstadt et là changer. Ah bon, et moi je le sais comment ?

     

     

     

    Un dernier point sur l’ICE, puisque j’y suis : il semblerait que la notion de « place réservée » ne soit qu’assez vague, de l’autre côté du Rhin. J’ai dû changer de place pour ne pas devoir m’asseoir sur les genoux de quelqu’un qui était sur ma place. Dans les trains régionaux, même délire : on peut réserver, et ne pas réserver. Sauf qu’en fait, ça ne change absolument rien, les gens prennent n’importe quelle place, et on ne va quand même pas virer les gens pour profiter de sa résa. Et après ça, la DB affiche depuis tout à l’heure sur le panneau électronique du wagon que « réserver sa place, c’est bien, comme ça on est sûr d’en avoir une ! ». Mouais…

     

     

     

    Enfin voilà, c’est un peu plus compliqué que ne le laissait présager la réputation des Allemands. Et enfin, pour faire dans le chauvinisme échevelé, je dirais que j’ai bien l’impression que l’ICE va beaucoup plus vite depuis qu’il est entré en France (bon, d’accord, c’est aussi parce qu’il n’a aucun arrêt en France à part le terminus).

     

     

     

    Voilà, c’était une note un peu longue. Peut-être que j’ajouterai des choses une prochaine fois, après tout, la DB ne m’a sans doute pas livré tous ses secrets, encore…

     


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